Victoires ou défaites ?

Je lis ici et là des commentaires sur les récentes victoires de la musique.
Quelques uns me demandent aussi ce que je vais faire bientôt avec la musique …
C’est simple : je vais vivre.
Ou plutôt assumer mon existence en travaillant dans le secteur immobilier, tout en restant mon propre « patron » en restant indépendant.
Je ne renoncerai pas à écrire composer interpréter mes chansons, mais il me faudra « mettre du gaz » pour le faire, et comme vous le savez : le gaz c’est cher !


Donc, je ne consacrerai plus 100% du temps à ma musique car comme beaucoup de mes confrères et consœurs artistes musiciens, je n’en ai plus ou pas les moyens. Mais cette année 2022 m’a beaucoup appris sur le « music business » et mes formations au CNM (Centre National de la Musique) ont été utiles pour comprendre l’eco-systeme de l’industrie musicale en France et dans le monde :
Les labels et maisons de disques pensent et agissent en tant qu’acteurs économiques sur un marché en prenant le minimum de risques financiers. Aujourd’hui le critère principal si ce n’est même le seul dans beaucoup de cas, c’est la notoriété d’un « artiste » ou supposé tel, sur les réseaux sociaux. Les premières questions que posera un « DA » (directeur artistique)  d’un label avant d’investir sur le développement de carrière, sont les suivantes :
- « combien as tu de followers ? Es-tu sur TikTok, Insta, YouTube, FB ? Combien de vues as tu fait sur ton dernier clip ? »
Le reste est anecdotique, si ce n’est qu’un éventuel producteur exigera une direction artistique qui pourrait emprisonner pour de longues années (cinq ans) l’artiste en question sur son contrat qu’il n’aura pas même pris soin de lire dans toutes les petites lignes et autres détails relatifs aux abattements sur sa rémunération…

Comment en est on arrivé là ?
Songez que sur 100 chansons produites en France, seules 18 sont rentables ! (Source CNM). Ceci provient du fait que l’offre musicale a explosé du fait de l’accès direct démultiplié par les réseaux sociaux et les smartphones quand dans le même temps la demande reste à peu près constante.
Ce qui pose problème, c’est l’identification du talent dans la masse de l’offre. C’est aussi probablement l’affaissement de l’exigence en terme de qualité artistique. On préférera un artiste « moyen » musicalement mais doté d’une forte communauté numérique, à un artiste exceptionnel qui prêche dans le désert. Calogero ne disait pas autre chose au fond lorsqu'il s'adressait à l'industrie musicale lors des dernières "Victoires".

Bref aujourd’hui Brel, Brassens ou Léo Ferré n’auraient probablement aucune chance ….
Qui imagine Leo Ferre dire « J’ai 300 000 abonnés sur TikTok ? »
Qui peut concevoir que Brel envoient des vidéos de ses chansons sur YouTube depuis les Marquises en disant « j’ai fait  100 millions de vues ! » ?
Qui imaginerait que Brassens envoie une story des « trompettes de la renommée » sur Insta en guettant les « likes » et autres commentaires interactifs ?

Et pourtant une maison de disques ou un label imposera à l’artiste qu’il consacre autant de temps à la création, la production, les tournées qu’à sa présence sur les réseaux sociaux, son « marketing digital » ! Être artiste en 2023 c’est travailler autant sa création que sa présence numérique.

J’ai une conviction :
Ce show business là va crever de sa propre vacuité. Les vrais artistes sont sur scène. Rien ne remplacera le spectacle vivant. Produisez vous sur scène tant que vous le pouvez.
Même des petites. Et Même dans la rue ! Rien ne remplace le contact direct avec le public.

Et vous aussi : Allez, courez découvrez voir et entendre soutenir des consoeurs et confrères artistes là où ils se produisent :

Dans les petites salles. Prenez des risques à 10 euros la place de concert. Vous n’êtes pas à l’abri d’heureuses surprises. N’attendez pas des Media et du show business qu’ils vous présentent des nouveautés. Allez les dénicher vous même !

N'attendez rien des professionnels "patentés" comme tels. C’est d’abord vous qui faites les artistes en vous produisant comme en allant les voir et écouter sur scène. Peu importe la notoriété au fond. Car à bien y réfléchir un artiste sera d’autant plus libre et sincère dans sa créativité qu’il n’aura pas besoin de vous pour manger. 

Et si vous l’appréciez comme tel, alors tout le monde s’y retrouvera. Et si vous vendez votre appartement, votre maison ou connaissez quelqu'un de votre entourage susceptible de le faire, c'est le moment de vous manifester. Pensez à moi. Pensez au "gaz" dont nous avons tous besoin  Je vous embrasse.

Amitiés, 
Bien à vous, 

Pierre.

 
 

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